Over time

Je suis une braillarde, une vraie. En moins de temps qu’il n’en faut pour visionner un film, je peux totalement disparaître sous une montagne de papiers mouchoirs et déformer dramatiquement mon coussin à force de le serrer contre moi.

J’ai répertorié que je peux sangloter avec au moins huit sortes de beuglements différents. Il m’arrive de m’étrangler dans mes sanglots et d’arrêter de respirer. J’arrive à frôler la peine mortelle.

J’ai vraiment la larme facile. Sauf pour les vrais trucs.

Parce qu’il faut alors vivre la souffrance et que je préfère me fermer à toutes pensées qui m’y conduit. J’excelle dans la gestion de la douleur. Facile, il suffit de refuser de la prendre en charge. Je délègue donc à un autre département. Celui du déni.

Et ça marche pour un temps. Lorsque le dossier me revient, alourdit, encore plus encombré, je n’ai qu’à penser en terme de gestion de crise. Je me convoque en réunion d’évaluation de stratégies afin de recentrer mes énergies.

Je cours me louer un film triste et je n'ai plus qu'à me laisser bercer par l’histoire. Je purge donc l’excès, libère ce qui me sert d’entrave et vide le dossier.

Je n'aime pas ramener du boulot à la maison, mais, parfois, ça devient nécessaire.